L'espace trouvé, reste l'attente, le temps à prendre.
Photographier un temps qui passe : pour qu'un moment puisse prendre (puisque c'est
un moment de l'étendue qui est visé), il faut évidemment
(prendre) du temps avec cette étendue (c'est bien le temps d'apparition,
nécessaire pour qu'il passe - le temps - et que ce passage soit (tout)
ce qui se passe, qui compte, plus que le rapport spatial d'un objet sur l'étendue).
Du reste, l'apparaître commence avec le temps, et le fond d'apparition se
révèle de son temps ; c'est son tribut (à l'apparaître)
: pour qu'une apparition ait lieu, il faut bien que quelque chose, aussi infime
soit-il, apparaisse, au moins du temps, le temps du temps (le temps que ça
a pris, à prendre). Le pari photographique (sans doute perdu d'avance mais
qui engage une aventure), étant de montrer au final, non pas ce qui apparaît
mais le milieu même de l'apparition, on se doit de laisser au film le temps
de rencontrer le fond visuel, visible, dans la gamme de sa sensibilité
(question de lumière : le photographié est un mélange du
temps qu'il fait, le temps qu'il passe). Après avoir situé l'appareil
enregistreur sur la ligne d'un point de vue efficient (pour un plan fixe, le calme
plat : un point de vue vers où rien ne (se) passe sinon la lumière),
le film doit donc être exposé le temps qu'il advienne une matière
photographique de la lumière quis'éploie au dehors, que le paysage
ait le temps de s'imprimer ; ce qui demande d'attendre en effectuant le moindre
des gestes (ouvrir l'obturateur) - long clic - puis de lâcher : la prise
(photochronique) est faite. |